Samuel Azar

Le lieutenant-colonel et ingénieur Samuel Azar
Samuel Azar

Samuel (Sami) fils de Kaden (née Krudo) et de David Azar, est né à Alexandrie le 22 novembre 1929. Sa famille émigra de Turquie en Egypte au début du XXème siècle.
Enfant doué, il sauta la première année et débuta sa scolarité en seconde aux côtés de son cousin Moshe Talmi (Takoumi). Il termina ses études primaires avec d’excellentes notes grâce auxquelles il reçut une bourse pour poursuivre ses études secondaires au lycée. Il se révéla génie en mathématiques et durant ses études secondaires il prit l’habitude d’aider ses camarades en difficulté. Il devint renommé pour son talent de tuteur dans tous les sujets relevant des sciences exactes. Samuel termina ses études au lycée d’Alexandrie avec distinction et d’après le témoignage de son ami le Dr Maurice Sachs (Sagui), il obtint la cinquième place sur 3500 finalistes du baccalauréat en Egypte. A cette époque il avait également étudié la Mishna et le Talmud chez le Rabbin Moshe Ventura. Outre sa brillance pour les études, il avait un penchant pour l’art depuis sa tendre enfance. Il dessina et sculpta avec talent et joua de la guitare, bien que ses parents n’eussent pas les moyens de lui payer des études dans ces domaines. Sa famille et ses amis ont conservé une partie de ses œuvres.
En 1943 à l’âge de 14 ans, Samuel se joignit au mouvement de jeunesse ‘Hehaloutz Hatsaïr’ (Les jeunes Pionniers) dirigé par Rafaël Rekenati, délégué enthousiaste venu de Palestine. C’est Samuel, qui malgré sa timidité, entraîna ses copains à participer aux activités du mouvement et ils créèrent un groupe qui s’exprimait en hébreu, qu’ils nommèrent le groupe ‘Bar-Kohva’. Le mouvement et son local devinrent le centre de la vie sociale de Samuel. Ses dessins ornaient les murs et à chaque célébration, il se chargeait des décors.
En 1946 Samuel fut sélectionné parmi un groupe de délégués qu’on envoya pour deux mois de formation dans des Kibboutz en Palestine. En mai 1948 la plupart des dirigeants de ‘Hehaloutz Hatsaïr’ furent arrêtés et le mouvement fusionna avec le mouvement ‘Habonim’ (Les Bâtisseurs) qui sombra dans la clandestinité. Samuel avait projeté de faire son aliah (immigration en Israël) après ses études secondaires, mais suite à la maladie de son père, il décida d’ajourner celle-ci. Il aida à subvenir aux besoins de la famille, et en 1947, reçut une bourse de l’Université d’Alexandrie. En novembre il commença ses études d’ingénieur en électricité. Dès la première année, des étudiants appartenant aux ‘Frères Musulmans’ harcelèrent les étudiants juifs. En seconde année, 1948-49, les dirigeants de l’Université empêchèrent les étudiants juifs de participer aux cours du simple fait qu’ils soient juifs, et leur permirent seulement de se présenter aux examens. La plupart des étudiants juifs quittèrent la faculté mais Samuel se présenta à tous les examens et réussit avec la plus grande distinction. En 1952 il termina ses études avec les meilleurs résultats jamais obtenus par un étudiant en polytechnique dans une université égyptienne. Parallèlement à ses études, Samuel donnait des cours particuliers à des élèves et des étudiants et faisait aussi des traductions. Il s’intéressait également à la psychologie, à la philosophie, à l’économie et au judaïsme et continua à dessiner et à sculpter. Malgré ses nombreux talents, il demeura toujours un personnage modeste et réservé.
Au début de l’année 1951, Ovadia Danon, actif dans le groupe ‘ Hamossad le Aliah Bet’, organisa une rencontre entre Samuel et le capitaine Abraham Dar, représentant de l’Unité 131 des Services de Renseignements israéliens, qui avait été envoyé en Egypte pour y créer des cellules clandestines. Samuel fut le premier enrôlé. Il s’occupa principalement d’organiser les cellules et Abraham le nomma chef de celle d’Alexandrie. Etant une figure connue et admirée dans la communauté juive, les jeunes répondirent volontiers à son appel et il les entraîna pour former un groupe motivé et unifié. Samuel forgea l’infrastructure des cellules (locaux de rencontre, agents de liaison, fonds, cachettes d’armes etc…).
Lorsqu’il termina ses études en 1952, il dut une fois de plus retarder son aliah, cette fois en raison des missions de renseignements dont il s’était chargé. N’ayant pas la nationalité égyptienne, il n’avait pas le droit d’exercer sa profession d’ingénieur et dut se contenter d’enseigner les sciences exactes dans le lycée juif. Samuel avait l’intention d’immigrer en Israël en été 1954, après avoir confié la direction de la cellule d’Alexandrie à Victor Levy. Toutefois, en juin 1954 Avri Elad arriva en Egypte comme délégué de l’Unité 131 ; Il fut impressionné par la personnalité de Samuel et vit en lui le dirigeant de la cellule d’Alexandrie.
En juillet, les membres de la cellule reçurent les ordres de commettre des actes de sabotage mineurs dans des lieux publics. Ils furent rapidement découverts, arrêtés, subirent de cruels interrogatoires, furent jugés en procès ostentatoire et la plupart d’entre eux furent condamnés à des peines de prison de durées diverses. Samuel Azar et le Dr Moshe Marzouk furent condamnés à mort par pendaison. Le 31 janvier 1955 tous deux furent exécutés au Caire. Ils reçurent chacun le grade posthume de lieutenant-colonel dans l’armée israélienne.
Le rapport concernant le fonctionnement des cellules occasionna un grand tumulte en Israël. L’histoire fut diffusée sous les noms de ‘l’Affaire’ ou ‘l’Affaire Malencontreuse’ et occasionna la chute de gouvernements.
Le 19 avril 1977, les cercueils de Moshe Marzouk et de Samuel Azar furent rapatriés en Israël et au lendemain de l’anniversaire de l’Indépendance, le 24 avril, ils furent inhumés dans la section des ‘Condamnée à l’Echafaud’ dans le cimetière militaire du Mont Herzel à Jérusalem.


Discours de Yaffa Shoshana en mémoire de son frère Samuel Azar lors de sa commémoration le 20-1-2013

Je tiens d’abord à vous remercier tous d’être présents à la cérémonie.
Je remercie particulièrement le Professeur Nahum Ilan pour les nombreuses conférences qu’il adresse aux jeunes et aux adultes, et contribue ainsi à perpétuer la mémoire des membres du groupe, de leurs actes et du patrimoine qu’ils nous lèguent.
Je tiens à vous entretenir brièvement de mon frère Samuel Azar.
Samuel était un enfant timide et renfermé. Je me rappelle que tout jeune enfant, il profitait de chaque occasion pour dessiner, même par terre ou sur les murs à l’aide de craies. Nous découvrîmes plus tard combien il était doué.
A l’école, au lycée et plus tard à l’université, il se distingua par ses dons et ses résultats brillants, mais demeura toujours modeste. Si ce n’est pour les commentaires de ses amis, je doute que nous n’ayons jamais été mis au courant de ses prouesses.
J’appuie sur le fait que mon frère était un sioniste enthousiaste. Il se joignit au Mouvement à l’âge de 14 ans et y joua un rôle important.
Samuel et ses amis créèrent dans le Mouvement Sioniste un groupe qui parlait l’hébreu, qu’ils nommèrent le groupe ‘Bar Kohava’. Ultérieurement, leur moniteur Yaïr Douar raconta à leur sujet : « C’était un groupe spécial et très lié qui s’obstinait à mener toutes les activités, les conversations et tous les jeux uniquement en hébreu ». Je vous rappelle qu’il s’agissait de jeunes juifs dans un pays arabe, dont la langue maternelle n’était pas l’hébreu.
Moi j’ai immigré en Palestine en 1945 dans le cadre de la ‘hachshara’ (préparation à la vie au kibboutz). En 1946, alors que je vivais au kibboutz Guevat, mon frère me rendit visite alors qu’il faisait partie d’un voyage organisé par le Mouvement. Lorsqu’il retourna en Egypte, il était convaincu plus que jamais qu’il ferait son aliah. Cependant, lorsqu’il termina le lycée, suite à la santé précaire de mon père et aux problèmes économiques de la famille, il renonça temporairement à son aliah, reçut une bourse et entreprit ses études d’ingénieur en électricité à l’Université d’Alexandrie. Il donnait des cours particuliers pour subvenir aux besoins de la famille. Alors que moi j’avais réalisé mon rêve en faisant mon aliah, lui, le cadet, avait endossé la responsabilité de contribuer à subvenir aux besoins de la famille.
Ses études terminées, il ne pouvait pas travailler comme ingénieur en Egypte car il n’avait pas la nationalité égyptienne. Il enseigna les maths et les sciences au lycée de la communauté juive.
Un de ses élèves résuma ainsi cette période : « Samuel faisait figure extraordinaire dans l’école ; contrairement aux usages de l’époque, il était le seul professeur qui n’infligea jamais de châtiment à ses élèves.
Dans une lettre qu’il envoya en juillet 1953 à son bon ami Ovadia Danon ici présent, mon frère exprimait la frustration de ne pouvoir réaliser son potentiel en exerçant sa profession d’ingénieur. Sa lettre trahit également sa profonde de solitude. La plupart de ses amis, y compris Ovadia, avaient fait leur aliah, alors que lui demeurait en Egypte uniquement à cause de la mission qu’on lui avait confiée.
En ce qui concerne les actes commis en Egypte – sans tenir compte des questions de qui avait donné les ordres, quels étaient les buts de ces actes, comment avaient-ils été exécutés sans avoir prévu de moyens d’évasion etc… Il est essentiel de se rappeler qu’il s’agissait de personnes pacifiques, de jeunes enthousiastes qui étaient animés par des sentiments de fidélité et de dévouement sans limite à leur peuple et leur pays ; ce pays où ils n’eurent même pas l’occasion de vivre.

Lien complémentaire :
Samuel Azar sur le site ‘Ishei Rehov’ (Noms de personnes donnés aux rues) par Aliza Grinbaum

 

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