Meir Max Bineth

Le Lieutenant-colonel Meir (Max) Bineth

Meir Max Bineth, fils de Joseph et Amalia, naquit à Szombathely en Hongrie le 27 juin 1917 pendant la Première Guerre Mondiale. Lorsque son père fut libéré de l’armée austro-hongroise, la famille regagna la ville de Manheim en Allemagne où travaillait son père. En 1924 Joseph reçut un emploi à Cologne où ils déménagèrent afin que Meir et sa sœur puissent faire leurs études secondaires au lycée juif de la ville. Meir fit ses études au lycée juif ‘Yavne’ et participa au mouvement de jeunesse ‘Ezra’. Il apprit également à jouer de la flute alto et du violon.
Suite à des événements antisémites, Meir et ses parents décidèrent de quitter l’Allemagne et arrivèrent en mai 1935 en Palestine. Sa sœur ainée Ruth qui s’y était installée un an plus tôt, leur procura les certificats. Pour aider à la subsistance de la famille, Meir travailla au port de Tel Aviv, puis comme mécanicien chez divers employeurs et se porta également volontaire dans le ‘Maguen David Adom’ (Croix Rouge juive). Durant la Révolte Arabe qui eut lieu en Palestine de 1936 à 1939, Meir séjourna au moshav Kefar Hassidim où il suivit un entrainement dans la Haganah et reçut une formation dans divers secteurs agricoles.
A partir de 1942 il travailla pendant quatre ans pour l’entreprise ‘Solel Boneh’ dans la compagnie pétrolière anglo-iranienne à Abadan en Iran, comme responsable de la mécanique de précision. Durant cette période il s’occupa également de former la jeunesse juive et de la préparer à l’aliah en Palestine. Il étudia la langue perse et compléta son baccalauréat en Angleterre par correspondance.
En 1946 il se spécialisa en Angleterre dans les domaines de la radio et de l’électronique. Il vécut à Liverpool où il se chargea de former la jeunesse juive locale. Il y monta une chorale qu’il dirigea et plusieurs de ses pupilles firent leur aliah sous son influence.
En 1947 il se joignit au groupe des ‘Gédéons’, les radiotélégraphistes du ‘Mossad Lealiah Beth’. Il travailla principalement en Italie à la base de Magenta, où il installait des appareils de T.S.F. sur des vaisseaux de marine marchande et de transport d’immigrants clandestins.
Le 1er février 1948 il s’enrôla dans l’armée israélienne, pas encore officialisée, et servit d’abord comme officier dans les télécommunications. Plus tard il joignit la section des renseignements. A partir d’aout 1949 il s’occupa de missions secrètes en Irak et en Iran, chargé entre autres d’organiser l’immigration des juifs irakiens en Israël. Suite à ces activités, il fut jugé (sans être présent car il était parvenu à s’évader et à arriver en Israël) et condamné à mort. Durant son procès au Caire, le gouvernement irakien demanda son extradition afin d’exécuter la sentence.
En 1950 il épousa Jean Davidov à Tel Aviv et le couple partit en Angleterre pour que Meir puisse compléter ses études à l’Institut ‘The Wireless College Colwyn Bay’. En juillet 1951 ils revinrent en Israël pour mettre au monde leur fille Michal Michèle, après quoi survint la mission secrète en Egypte.
En décembre 1951 il partit en Allemagne pour se forger une couverture en vue de la mission en Egypte sous le nom de Max Beneth, allemand né à Manheim qui vivait à Bonn, capitale allemande à l’époque. Bineth créa des liens avec des compagnies d’export qui cherchaient à vendre leurs produits aux pays arabes, de préférence à l’Egypte et au Liban, et il fut nommé comme représentant. Le retour en Allemagne était émotionnellement éprouvant pour lui. Sa femme et sa fille le rejoignirent par la suite.
Le 12 avril 1952, Meir partit pour l’Egypte sous le nom de Max Beneth, homme d’affaires allemand et représentant de diverses entreprises du pays. Le meilleur moyen d’entrer en contact avec le général Mohamed Naguib était par l’intermédiaire de l’entreprise Von Laufenberg qui fabriquait des prothèses, articles indispensables à l’époque en Egypte. Avant de devenir président, Mohamed Naguib avait été à la tête de l’Union des Invalides. Durant sa mission en Egypte, Bineth se lia avec les dirigeants du pouvoir et de l’armée et assura en outre son statut parmi les hommes de science et les ingénieurs allemands qui avaient reçu asile en Egypte pour y travailler après la Seconde Guerre Mondiale.
Il avait été convenu au départ que Meir Bineth travaillerait en Egypte en ‘loup isolé’, qu’il ne prendrait en aucun cas contact avec d’autres agents israéliens, ni avec les membres des services secrets au Caire et à Alexandrie (‘le Réseau’).
Apparemment, ses supérieurs décidèrent de profiter de lui pour remplir des fonctions administratives. On lui demanda de transférer de l’argent aux membres du ‘Réseau’ à l’aide de l’intermédiaire entre les deux cellules – Marcelle Ninio. Meir rencontra Samuel Azar à Alexandrie et Mayer Zafran au Caire. Bien qu’il leur parla sans dévoiler son visage, ils savaient qu’il venait d’Israël. Le ‘Réseau’ courait un grand risque d’être découvert, ce qui arriva effectivement.
Le 5 août 1952 Bineth revint en Israël pour se plaindre à ses supérieurs de différents aspects de sa mission, entre autres de son couvert allemand, mais surtout du contact qu’on l’obligea de prendre avec les membres juifs des cellules clandestines en Egypte. Il déclara qu’il n’était prêt à y retourner qu’à condition que l’on rectifie les mauvais fonctionnements et ce n’est qu’après en avoir reçu la promesse qu’il consentit à poursuivre sa mission. En novembre il se remit en route pour l’Egypte après un séjour en Allemagne. A ce moment-là, il fut également nommé ingénieur conseillé de l’entreprise automobile Ford en Egypte.
En janvier 1953 il revint une seconde fois en Egypte et à la fin de l’année sa femme le rejoignit avec leur petite fille, ce qui renforça son histoire de couverture. Bineth approfondit ses relations avec les hauts-placés du gouvernement égyptien ainsi que la communauté allemande locale et il rencontra le Président, le général Mohamed Naguib. En septembre 1953, le journal allemand ‘Sig und Rein’ publia un long article sur la collaboration germano-égyptienne, au centre duquel figurait une photo de Naguib et Bineth dans le bureau présidentiel. Meir Bineth fournit des informations importantes et fiables aux Services de Renseignements israélien.
Suite à la saisie du réseau et faute de l’isolement des agents, les égyptiens mirent également la main sur Meir. Marcelle Ninio fut la dernière du réseau à être apprehendée par les services de renseignements égyptiens. Soumise à de terribles tortures au-delà de ce que pouvait supporter la souffrance humaine, elle donna une description de la voiture de Meir. Il s’avéra plus tard que les services égyptiens avaient déjà reçu des informations sur Bineth d’Avri Elad, l’officier israélien qu’on avait délégué pour actionner la cellule d’Alexandrie, et qui avait trahi ses membres ainsi que ceux du Caire, et les avaient livrés aux égyptiens. Cinq mois durant, Meir subit des interrogatoires intensifs et de cruelles tortures dans la prison égyptienne. La veille du jour où il devait monter à la barre des témoins au tribunal, le second jour de Hanoukka, le 21 décembre 1954, il mit fin à ses jours. Il ne voulait pas donner aux égyptiens la satisfaction de le voir monter à l’échafaud en public. L’avocat qu’on avait engagé pour le défendre rapporta que dix jours plus tôt on l’avait déjà envoyé dans la cellule des condamnés à mort.
Après son suicide, son cercueil fut transféré en cachette en Italie. En février 1959 il fut inhumé secrètement au cimetière militaire du Mont Herzel à Jérusalem.
En septembre 1987, le Ministre de la Défense Itzhak Rabin remit à sa veuve Jean le grade de lieutenant- colonel de Meir en déclarant : « les risques encourus par Max Bineth au cours de sa mission exceptionnelle en Egypte étaient très élevés et malheureusement il y a succombé. Au cours du temps des missions qui n’avaient aucun lien entre elles se sont enchevêtrées et par erreur on a connecté Max Bineth à ‘l’Affaire Malencontreuse’ avec laquelle il n’avait aucun rapport. Il remplissait une mission sécuritaire totalement indépendante qui n’avait rien à voir avec les autres événements de la même année. Il a donné sa vie au service de son pays, par dévouement et amour pour la patrie. La mission pour laquelle il avait été envoyé en Egypte apporta une importante contribution à la sécurité de l’Etat d’Israël ».
Nathan Rahav qui avait connu Bineth avant qu’il ne fût envoyé en mission déclara lors d’un programme télévisé au sujet des Condamnés du Caire diffusé en 1989 : « Nos parents qui ont bâti le Pays nous ont enseigné que parvenir à l’indépendance n’était pas chose facile et que le chemin vers son aboutissement est jonché d’obstacles et de difficultés à surmonter. On ne conquiert pas le sommet de la montagne sans jalonner son flanc de quelques pierres tombales. Max Bineth était un de ces guerriers secrets qui rendit l’âme dans la prison d’un pays ennemi ; l’une de ces bornes mémoriales au flanc de la montagne est la sienne ».
Meir était un homme érudit, passionné de culture et doué de créativité. Il a beaucoup lu et écrit, entre autre sur ses expériences personnelles. Il était féru de musique classique qui l’accompagna au long de sa vie. Il aimait son prochain, son Peuple et son Pays.

Renseignements complémentaires sur le lieutenant-colonel Max Bineth sur le site www.meirmaxbineth.org ainsi que sur ‘Facebook’
Meir Max Bineth sur le site ‘Ishei Rehov’ (Noms de personnes donnés aux rues) par Aliza Grinbaum

 

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