Robert Dassa
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Robert Dassa, le troisième fils de Zohara (née Dery) et de Nissim Dassa, naquit le 8 mai 1933 à Alexandrie. Son père, descendant de la famille Dassa originaire de Jérusalem, est également né à Alexandrie. Dans le courant de la première Guerre Mondiale, la mère de Robert avait quitté Jérusalem avec sa propre mère qui était veuve et sa tante, pour s’installer à Alexandrie. Robert fit ses études primaires à l’école de la communauté juive à Alexandrie et ses études secondaires au Lycée Maïmonide fondé par le Grand Rabbin de la ville, Moshe Ventura, qui inculqua à ses élèves l’attachement à la Terre d’Israël et au sionisme. Il fit partie du mouvement de jeunesse ‘Benei Akiva’ où il exerça le rôle de moniteur, puis de dirigeant de la section d’Alexandrie.
En 1949 le Dr Haïm (Victor) Saadia, un des dirigeants de ‘Benei Akiva’ au Caire, contacta Robert et lui demanda de s’infiltrer dans le mouvement ‘Dror’ afin d’essayer de convaincre une partie des jeunes de passer au mouvement ‘Benei Akiva’. Après la proclamation de l’Etat d’Israël et les arrestations et persécutions qui s’en suivirent, le mouvement ‘Hehaloutz Hatzaïr’ (Jeunes Pionniers) se désintégra. Des rivalités surgirent entre les mouvements des diverses tendances qui se disputèrent le recrutement de la jeunesse juive. C’est dans le mouvement ‘Dror’ que Robert fit la connaissance de Victor Levy et de Philippe Nathanson avec qui il allait être mobilisé plus tard dans l’Unité 131 des Services de Renseignements.
L’Etat d’Israël à ses débuts, ne comptait dans les Services de Renseignements de l’armée, qu’une seule unité chargée d’opérations sur le terrain – soit l’Unité 131. (Ce n’est qu’à la fin de l’année 1953 que les Renseignements devinrent un département à part entière dans l’état-majo)r. L’Unité 131 était destinée à effectuer des missions de renseignements dans les pays arabes, principalement en temps de guerre. En 1951 le capitaine Abraham Dar, officier dans cette unité, fut envoyé en Egypte afin de recruter de jeunes juifs sionistes qui serviraient dans l’unité. Il se fit aider par des activistes sionistes et par les gens du ‘Mossad de l’Alliah Bet’ pour repérer des jeunes qui conviendraient à la tâche. Ovadia Danon recommanda Robert Dassa. Le Dr Saadia le recommanda également et lui fit entendre qu’il devrait quitter le mouvement de jeunesse. Robert donna son accord bien qu’il regretta beaucoup de devoir quitter le mouvement. Une entrevue avec Abraham Dar, mit fin à ses hésitations et il choisit de s’enrôler dans la cellule, au prix de devoir renoncer au mouvement de jeunesse. Les jeunes recrutés par Abraham Dar furent organisés en deux groupes, l’un posté au Caire et l’autre à Alexandrie. Dès lors, Robert et ses camarades se donnèrent l’apparence de jeunes libertins, désintéressés des mouvements de jeunesse et des courants sionistes.
En 1952 Robert reçut une convocation pour subir un entrainement en Israël. Pour être autorisé à quitter l’Egypte, il s’inscrivit à l’université en France où il fut accepté et en janvier 1953. Il se rendit de France en Israël. Son permis de séjour à l’étranger n’était valide que jusqu’en mars. Il fit donc un entrainement bref et intensif en Israël qui comprit aussi quelques excursions dans le pays. Les images gravées dans sa mémoire, lui servirent de nourriture spirituelle au long de ses 14 années d’emprisonnement en Egypte.
En 1954, la décision du gouvernement britannique d’évacuer ses troupes d’Egypte suscita de sérieuses inquiétudes en Israël. Quelqu’un dans les Services de Renseignements suggéra de commettre des actes de sabotage dans des installations britanniques et américaines en Egypte pour amener les Anglais à reconsidérer leur décision. Avri Elad, officier dans l’Unité 131, fut envoyé sur place pour diriger la cellule d’Alexandrie. Celle du Caire était en déclin depuis la démission quelques mois auparavant de son commandant le Dr Moshe Marzouk, que l’on n’avait pas remplacé.
Robert participa à trois actions qui occasionnèrent de petits incendies, sans faire de victime. La troisième action dirigée contre des cinémas au Caire et à Alexandrie, avait été prévue pour le 23 juillet, anniversaire du putsch militaire en Egypte. La charge explosa prématurément dans la poche de Philippe Nathanson sur les marches du Cinéma Rio à Alexandrie et il fut arrêté immédiatement. Robert se trouvait au Caire avec Samuel Azar. Il fut arrêté le lendemain à son domicile. Au bout de quelques jours tous les membres des deux cellules furent arrêtés et traduits en justice. Seul leur commandant Evri Elad ne fut pas arrêté. Il s’avéra plus tard qu’il avait trahi les gens à ses ordres et les avait livrés au Service des Renseignements égyptiens.
Le Dr Moshe Marzouk, à la tête de la cellule du Caire et Samuel Azar à la tête de celle d’Alexandrie furent condamnés à mort et pendus au Caire le 31 janvier 1955. Les autres membres des cellules furent condamnés à de longues peines de prison. Robert Dassa fut condamné à 15 ans de prison avec travaux forcés. Robert et ses amis endurèrent de cruelles tortures durant les interrogatoires et de rudes sévices au cours de leur emprisonnement. Par suite des préjudices et dommages qui lui furent causés, Robert fut reconnu comme invalide militaire.
Durant son incarcération, Robert trouva l’occasion de mettre en pratique ses nombreux talents. Son compagnon de cellule Mayer Zafran et lui, dévoilèrent leurs dons en dessin, ce qui améliora leur statut, leurs propres conditions de vie et celles de leurs camarades. Ils se joignirent à un atelier de dessin et leurs œuvres servirent à décorer les bureaux des officiers de la prison. Ils participèrent même à une exposition de travaux de détenus. Robert qui était sportif, fut nommé capitaine de l’équipe de basket à laquelle il servit ensuite d’entraineur. Il put en profiter pour accompagner son équipe à des compétitions dans d’autres prisons et pour tenter de rencontrer leur camarade Marcelle Ninio incarcérée dans la prison des femmes. Il apprit à jouer l’accordéon et se joignit à l’orchestre de la prison. Il apprit aux musiciens à jouer « Hatikva » et pour comble d’ironie, à l’occasion d’une cérémonie, l’orchestre joua l’hymne israélien.
Robert Dassa, Victor Levy, Marcelle Ninio et Philippe Nathanson furent libérés en février 1968 dans le cadre de l’échange de prisonniers qui eut lieu après la Guerre des Six Jours. De retour en Israël, Robert étudia la langue et la littérature arabe ainsi que l’histoire du Moyen-Orient à l’Université de Tel Aviv. Il fut gradé commandant et promu ensuite lieutenant-colonel dans la section des Renseignements de l’armée.
En 1976 le journaliste Aviezer Golan publia son livre ‘Opération Suzana’ dans lequel il rapporte l’histoire des quatre héros. En 1992 Robert publia son livre ‘Le Retour au Caire’ dans lequel il retrace les événements de 1954 ainsi que les expériences de prison des victimes.
Robert travailla de nombreuses années comme journaliste dans la section arabe de la télévision israélienne. Il fut le seul parmi les membres du réseau qui retourna en Egypte après la signature des accords de paix entre l’Egypte et Israël en 1979. Il y retourna plus de vingt fois.
Robert et son épouse sont parents de trois enfants et grands-parents de sept petits-enfants.
Lien complémentaire :
‘Roïm et hakolot’ (Les voix visibles) – Robert Dassa
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‘Roïm et hakolot’ (Les voix visibles) – Robert Dassa
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